“Il faut être un peu dingue pour devenir gardien de hand.”

Clémentine Chantrier, WeLoveSport, 2013

Gardienne avant lycéenne, gardien avant handballeur. 20 ans d’expérience à eux-deux. N’ont que 17 ans et côtoie ou titille la pré-nationale. Découvrez-les.

Le Handball, en nombre d’adhérents, se classe entre le Basketball et le Football en tant que sport collectif. Si vous ne connaissez que de nom ce sport, il est important de rappeler quelques principes. Le handball se joue à 7 contre 7, en salle, avec des matchs de 60 minutes séparés d’une mi-temps de 10 minutes.

C’est un sport spectaculaire, avec plus de buts qu’un Amiens-Toulouse et plus simple à comprendre qu’un match entre Brive et La Rochelle. 

La plupart d’entre nous avons grandi avec “Les Experts” : de 2008 à 2017, ce sont 4 titres sur 5 championnats du monde disputés, 2 titres européens sur 4, et au cours des 4 olympiades de la période, c’est 2 médailles d’or et une d’argent. Malgré les récentes débâcles, l’Équipe de France est une mastodonte dans le monde du Handball, sans compter les performances du Paris-SG, du HBC Nantes et du Montpellier Handball sur la scène européenne. 

Bon, revenons-en au fait, au Handball, il faut franchir la défense adverse et marquer plus que son adversaire. Et partie intégrante d’une défense, le gardien, un gardien qui fera tout pour que sa réussite soit votre échec… Si vous êtes en face de lui et non avec lui. Les performances du dernier rempart, ce sont 40% du travail d’équipe, autant dire que celles-ci sont d’une importance capitale et exerce donc une pression sur lui… À lui de la consommer comme il le souhaite. 

Mathilde et Nathaël, nos gardiens du jour, voient leurs adversaires arriver en moyenne à 4 mètres d’eux et des ballons propulsés généralement à 80 km/h : rien de plus de banal. Là c’est ce que dirait un Thierry Omeyer – qui en prenait à 130 km/h dans sa carrière professionnelle – mais certainement pas l’un d’entre nous. 

Entretien croisé.

Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter ?

Mathilde : Je m’appelle Mathilde Geslin, j’ai 17 ans et j’habite Bédée. Je suis en première générale – avec des options s’apparentant à une série économique et sociale – et gardienne à l’Olympic Club Montalbanais (OCM) en pré-nationale Poule Haute.

Nathaël : Je suis Nathaël Quelleuc, en Bac Pro Vente au lycée Coëtlogon à Rennes. J’habite Saint Méen le Grand et j’aurai 18 ans en fin d’année. Je suis gardien au Cercle Paul Bert (CPB) en Excellence Régionale.

Quand avez-vous commencé et comment êtes vous arrivés à pratiquer le hand ?

N. : J’avais fait un an de basket auparavant, je n’avais pas du tout aimé et j’ai essayé le hand. J’ai flashé dessus et je l’ai jamais quitté depuis. Je devais avoir 7 ans et j’ai mes débuts au Sporting Club Mévennais (SCM).

Nathalie Quelleuc (OCM) 2010/2011

M. : C’était en CE1, donc je devais avoir 7 ans aussi, je sortais d’une année de roller. Je ne voulais pas recommencer. J’allais souvent voir mon frère jouer, c’est l’ambiance qui m’a plue et aussi d’être avec ses copines.

Mathilde Geslin (BH) 2010/2011

Par quels clubs êtes-vous passés, quelles ont été les raisons de vos changements d’équipes ?

M. : J’ai commencé à Brocéli’Hand, le club de Montfort et de Bédée. À ma rentrée de seconde, pour ma première année de -18, j’ai rejoint l’Olympic Club Montalbanais. J’ai été là-bas pour jouer à un niveau plus élevé, j’y suis allé avec une copine de Brocéli’hand et je connaissais déjà deux filles que j’avais côtoyé en équipe d’Ille-et-Vilaine. En plus de ça, l’ancienne gardienne étant partie, cela me donnait une opportunité. On s’était dit qu’il était nécessaire pour changer de niveau et continuer à progresser de rejoindre Montauban. On était en Région Excellence poule basse avec Brocéli’hand et on descendait. J’ai fait ma première saison en Excellence Régionale Poule Haute et nous sommes passés en Pré-nationale, pas sportivement puisqu’une équipe s’était désistée et nous avons été repêchés. Par la suite on est passé Poule Haute à la mi-saison, on a eu un peu plus de mal depuis.

N. : J’ai été au SCM parce que j’habite St Méen, mais je suis passé à l’OCM dès l’année suivante. On avait pas fait un match de l’année, que des entraînements, on a plus revu nos coachs à partir de mars, c’était un bordel monstre. Je suis rentré à Coëtlogon en seconde mais j’ai fait ma première année de -18 à Montauban. Je m’étais arrangé avec le club et le CPB pour y faire mes entraînements la semaine. Il n’y aurait pas eu d’équipe de -18 l’année suivante donc j’en ai profité pour rejoindre le Cercle Paul Bert. Je suis passé de Départemental Honneur à Région Excellence, c’était clairement plus le même niveau.

Photo d’équipe -11 OCM 2012/2013

Qu’est-ce qui a changé ?

N. : J’étais le seul gardien en -18 à Montauban, là on est 3 voire 4 à l’entraînement, ce sont de nouvelles relations qui se créées, le genre que je ne connaissais pas avant. Les entraînements étaient souvent autour des joueurs de champ, là j’apprends en technicité, en placement, etc. Il y’a toute une expertise derrière, le palier franchi est immense. La première année a été compliquée à gérer, j’étais pas en confiance, mes performances n’étaient pas au niveau, je ne m’entendais pas bien avec le coach en place, je n’avais plu l’envie. Je n’ai pas abandonné et j’ai persévéré cette année pour la retrouver, je suis plus en confiance, je connais mes coéquipiers, j’ai un nouveau coach. Bref, ne jamais abandonner.

Comment vous êtes-vous épanouis en tant que gardien ?

M. : Je ne m’étais pas destinée à être gardienne quand j’ai commencé le hand. C’est en faisant des plateaux (minis-tournois) dans les catégories jeunes – on tournait souvent sur les postes – que j’ai commencé à aimer être dans les buts. Puis, en 6ème-5ème, j’ai fait les détections du Comité d’Ille-et-Vilaine et c’est là que j’ai commencé à m’y épanouir. J’y ai été deux ans, entre la 5ème et la 4ème je crois. Le fait d’y jouer un rôle important a aidé à m’épanouir à ce poste.

N. : Je n’étais pas très rapide, donc on me mettait souvent dans les buts et c’est venu comme une étincelle. J’ai aussi fait ces détections, mais on m’a recalé en raison de ma taille (~1m60 à cette période), il fallait être premier ou deuxième et j’avais dû finir troisième ou quatrième.

Photo d’équipe -18 Prénationale OCM 2019/2020

Comment pourriez-vous expliquer votre passion pour le handball ?

M. : C’est l’association de pleins de bonne choses. D’abord l’ambiance, nous sommes de petits effectifs (10 en moyenne), et il en découle des amitiés. Puis une bonne grosse dose de Fair-Play : il y’a très peu de coups bas entre nous et nos adversaires – mis à part le public adverse quelques fois *sourire*.

N. : J’aime bien le hand mais pas vraiment en tant que sport collectif. Ce que j’aime avant tout, et surtout, ce qui me passionne, c’est le poste de gardien. Chaque match est comme une mission, un rôle important à jouer, comme dit précédemment. Donc oui, c’est plus une passion pour le poste que pour le sport.

Auriez-vous de bons souvenirs à nous partager, sportifs ou non ?

N. : J’ai un souvenir un peu marrant, c’était tout récent, d’à peine un an je crois. Un match avec le Cercle Paul Bert à domicile. J’ai joué la première mi-temps, prestation correcte voire moyenne, Mathéo (l’autre gardien de l’équipe) joue la deuxième. Le problème du match : on avait pas de remplaçant. Le match a tourné à l’avantage de l’adversaire et à dix minutes du terme, un de nos joueurs s’est fait exclure. Le coach m’a alors envoyé aux vestiaires pour jouer sur le terrain. Je savais que j’avais absolument pas le niveau des joueurs de champ, et l’équipe de Pré-Nationale, qui jouait après nous, m’encourageait depuis les tribunes quand je sortais des vestiaires. La scène était lunaire de mon point de vue : dix minutes à être pivot avec des gars qui faisaient une voire deux têtes de plus que moi. À quelques secondes du terme, en contre-attaque, je me lance à dix mètres et je frappe le montant, tout le monde était dégoûté, moi le premier, mais à froid maintenant, je trouve ça plutôt marrant. Autrement, ce sont plutôt des performances qui me viennent à l’esprit.

Nathaël en action avec le Cercle Paul Bert
2018/2019

M. : Les stages avec l’équipe d’Ille-et-Vilaine sont de très bons souvenirs, on s’entendait trop bien, d’ailleurs je joue toujours avec plusieurs d’entre-eux et on peut constater nos évolutions personnelles. J’ai aussi fait un tournoi avec la plupart des joueuses de l’OCM en fin de saison 2017/2018 avant que je les rejoigne, cela m’a fait comprendre que j’avais fait le bon choix en les ralliant : je les connaissais à peine et il y avait déjà cette cohésion d’équipe que j’adore.

Avez-vous des routines de match ?

M. : Je me prépare énormément psychologiquement. Cela peut durer une trentaine de minutes, je ne pense qu’à mes parades, à mes déplacements, etc… Dans le vestiaire, on ne fait que parler du match et rien d’autre, seulement, de nous et de l’adversaire.

N. : Je m’emmène souvent, en conduite accompagnée, aux matchs, cela m’aide à rester concentré, tu peux être sûr de faire un mauvais match si tu commences à somnoler à l’arrière de la voiture. Arrivé sur place, je suis dans ma bulle, je discute aussi du match, et surtout avec Mathéo, l’autre gardien.

Mathilde sous les couleurs de Brocél’hand, avec Margaux Jarry (à gauche), celle qui l’a rejointe à l’OC Montauban 2017/2018

Comment se déroule le confinement pour vous ?

N. : J’essaye de faire au mieux, j’étais inapte pendant presque deux mois et j’allais revenir sur les terrains mais cette pandémie a changé drastiquement mes objectifs. Je fais du vélo d’appartement et du renforcement musculaire de temps en temps mais il est compliqué de se motiver tout seul.

M. : J’essaye de courir un jour sur deux, au moins vingt minutes. Je fais aussi du renforcement musculaire avec l’application Nike Training Club. Elle te fabrique un entraînement avec les conditions que tu rentres, si tu veux t’entretenir, te muscler ou s’amincir.

Photo d’équipe -18 Régionale Excellence CPB 2019/2020

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter par la suite ? Pensez-vous pouvoir continuer à pratiquer dans vos études supérieures ?

M. : J’ai vraiment l’envie de continuer le handball, qui plus est à Montauban. Mais si cela n’est pas possible, j’essaierais de trouver un club géographiquement proche de mon lieu d’études.

N. : Cela m’étonnerait que je puisse continuer à CPB l’an prochain par rapport à mes voeux, mais j’essaierai coûte que coûte de retrouver un autre club.

Nous souhaitons le meilleur à ces deux gardiens bourrés de talents.

D’ici que cette période de confinement soit passée, et qu’une nouvelle saison redémarre.

Bon courage à tous et à toutes, et surtout

#RestezChezVous

La Rédaction.

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